J’ai toujours eu peur d’avoir des Jumeaux
installation et texte
J’ai toujours eu peur d’avoir des jumeaux
J’ai promis de ne pas en parler. On n’en parlera pas. On n’y pensera plus. La vie passera en parallèle à ce qui est tu.
On prendra la boîte, on y déposera les images interdites, elles rendent les nuits livides, infertiles. Les jours aussi.
On mettra la boîte en sûreté. On ne se mêlera pas de ses irradiations. Elles effacent les contours de toute réalité. On ne cherchera pas à comprendre, on ne cherchera pas à savoir. Elle contient tous les vides, ni parole, ni silence, jamais de réponse. Aucune de celles dont on fait les hommes.
On ne cherchera pas. On ne cherchera plus. On dira qu’on n’a pas trouvé, qu’on ne sait pas, qu’on a oublié. On dira, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. On n’ouvrira aucune possibilité.
On jettera la clef. Par mesure de sûreté, toutes celles qui lui ressemblent. On ne s’approchera d’ailleurs d’aucune.
La boîte sera muette. Elle est chaque jour plus lourde. Elle ne sentira rien. J’ai promis. Le monde est pesanteur. Elle ne sentira rien. La promesse me tient.
Les précoces avenirs me regardent. Je leur souris.
Géraldine Cario SBFP
Paris, mars 2013